Présentation à Luxembourg Art Prize 2019

>LUXEMBOURG ART PRIZE 2019 Démarche artistique En apesanteur. Les formes et les couleurs envahissent mes pensées jusqu'à ce que je les couche sur la toile. Elles semblent voler, flotter, libres de toute gravité, et pourtant elles sont fracturées. Elles révèlent la complexité des sentiments que j'y conçois. L'amour m'obsède sous toutes ses formes et états. On le souhaite éternel mais il se brise avec le temps, entraînant des fractures psychologiques voire physiques. Il se dit universel mais nous échappe quand on croit le comprendre, se heurtant à la multiplicité d'interprétations et de définitions qu'on veut bien lui donner. Les scènes idylliques ne durent pas. Elles se répètent sous de nouvelles formes, de nouveaux visages, auxquels il faut accepter de tendre la main, d'où le jeu de miroirs entre mes toiles qui se répondent, se rappellent et forment une histoire. Cet éternel recommencement demande de l'optimisme. J'y ajoute de la douceur voire de la naïveté suggérée de plusieurs façons. Tout d'abord par leur fond rempli de plusieurs couches, chacune poncée, rendant un effet lissé. Ensuite par le choix d'arrondir les angles et de laisser les cercles s'épanouir dans toutes les tailles, parfois même hors la toile, révélant comme en filigrane un deuxième niveau de lecture : une esquisse plus concrète dans laquelle le sujet se construit par les courbes corporelles qui servent de base aux ronds et qui m'apparaît toujours comme une évidence d'un chaos ordonné. Elle est enfin exacerbée par un travail des couleurs acidulé, peut-être marqué par mon enfance sous le soleil de Madagascar. Ces teintes apportent fraîcheur et spontanéité à mes sujets, en même temps que la cacophonie et le tourbillon des sentiments naissants. Le seul cadrage que je m'autorise est celui qui habille mes toiles en éclairant l'image et en multipliant les bulles qui, si elles ne la divisent pas toujours, la rendent plus complexe comme les sentiments. Le surlignage m'est essentiel. Je me souviens encore de mon professeur de travaux manuels et peintre contemporain, Gilles Coudour, qui me répétait : "Souligne. Augmente les contrastes." Avec du recul, je cerne l'importance du surlignage dans la création d'opposition et la figuration de la dualité de la vie. Cette aspérité est bien ce qui pimente et donne envie de s'attarder. Je suis d'ailleurs amusé de constater le désir (ou besoin ?) de certains spectateurs de toucher mes toiles en suivant les ronds du bout des doigts. La rêverie que provoquent mes peintures me touche. Puisse ce maillage mystérieux apporter espoir et inviter chacun à recoller les morceaux du puzzle, pour s'en émouvoir à nouveau.

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